
Je suis récemment allée voir ces deux films, que j'attendais avec impatience.
Gainsbourg parce que j'ai grandi avec ses chansons, son goût pour la protestation et la rebellion étant complètement proscrit de mon univers familial, il me fascina d'emblée. Je suis tombée amoureuse de Charlotte Gainsbourg sussurant Lemon Incest et plus futilement, j'ai fait de la marinière, des zizis Repetto et de la chemise en jean délavée les basiques de ma garde-robe...
De Gainsbourg je ne connais pas tout pour autant. J'attendais que le film s'attaque à son sujet, certes Sfar a prévenu en l'intulant "un conte de"...j'ai d'ailleurs aimé la part de conte dans le film, l'idée du double de Gainsbourg, sa gueule gigantesque aux apparitions suprenantes est vraiment réussie. La rencontre avec les frères Jacques, et Vian étendu sur la route pour stopper les taxis...tout cela est très chouette, très sympa, mais Gainsbourg dans tout ça ? Le film montre un type avec des parents qui ont l'air très aimants et fiers de leur fils, et avec qui il entretient une relation sincère et épanouie. Comment dans un environnement aussi "Amélie Poulainesque" devient-on Gainsbourg ? Le contexte est vaguement posé (disons plutôt rêvé), l'évolution du personnage est inexistante. Le film se résume à une succession de rencontres amoureuses, sans aucune gradation véritable de leur importance dans le coeur du beau Serge. Dans Gainsbourg, tout s'énonce, rien ne se sent. Pourquoi Jane plus que Brigitte à moins que ce soit France ou Juliette...
Je crois que mon biopic préféré restera toujours Amadeus : j'avais été saisie par le génie de Mozart, sa folie, le film donnait une véritable leçon d'amour de l'Opéra, on rentrait dans le processus de création de l'artiste, chaque nouvel opus ne se résumait pas à un moment de vie...
J'ai bien conscience qu'Invictus est très différent du Gainsbourg, mais je trouve qu'il manque au film la même chose : un sujet qui se développe, s'enrichit, se confronte et se transforme. Le sujet du film est tout simplément génial, le personnage de Mandela vraiment magnifique...j'ai pensé à cet homme dont la noblesse du coeur a permis d'éviter la guerre civile. Je me souviens d'un ami Sud-Africain avec qui j'ai eu une longue conversation il y a quelques mois au sujet de Mandela qui me disait : "si ça n'avait pas été lui, nous aurions sombré dans la haine et la violence".
Et ce capitaine blanc, qui est touché bien sûr par la présence du bonhomme mais qui franchement est complètement absent. On ne comprend pas ce qui le motive vraiment. J'ai trouvé que tout tirait vers les clichés, le père ultra raciste qui ne fait même pas attention à sa bonne noire et qui profère les pires attrocités sur le nouveau régime devant elle vs la mère compréhensive et gênée...les joueurs butés et fermés qui finalement devant Mandela lui serrent la main comme de douces brebis, les gardes du corps qui se détestent mais que la passion du jeu va rapprocher...tous ces antogonismes primaires et ultra violents, qui vont pourtant chacun se dénouer pour triompher...
...et si c'était si simple que ça ?
C'est peut-être finalement ce à quoi j'ai peur de croire ;)